Préface d’André JACQUEMIN

Ecrite en 1990 pour un projet de livre

jacquemin

Il aurait pu naître dans cette grande période de la Renaissance Italienne. Je l’aurais vu élève, collaborateur ou concurrent d’un Léonard de Vinci, auquel d’ailleurs il voue une admiration sans borne.

Jacques Monestier est né dans cette ville étonnante du Puy-en-Velay ; vieille cité, à la surprenante cathédrale édifiée sur la pente d’une colline, et à la non moins extraordinaire Chapelle Saint-Michel d’Aiguilhe bâtie au sommet d’un dick volcanique. Ces deux nobles monuments auraient-ils impressionné l’enfant avant l’orientation de sa carrière ?

Après de solides études techniques à l’Ecole Bréguet, et artistiques à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Paris, section Architecture, il réalise ses premiers automates, et obtient en 1965 la Bourse de la Vocation. Ses réalisations s’imposent alors par un sens exceptionnel du mouvement, lié à la plastique de l’œuvre d’Art ; celles-ci, toujours exécutées dans des matériaux rares, telles ses dorures à la feuille sur cuivre.

Comme le grand génie italien qu’il admire tant, il est véritablement hanté par le mouvement de l’être humain et du monde animal fantastique qu’il traduit dans l’essentiel. Son œuvre si percutante du Quartier de l’Horloge allie ces deux thèmes. Toutes ces œuvres sont la résultante d’une multitude de dessins à la plume, d’une acuité extraordinaire, se rattachant à l’esprit des plus grands maîtres italiens. Ses premiers automates fonctionnent avec une grande simplicité, les derniers sont réglés par des techniques plus sophistiquées (informatique, robotique).

La grande habileté et souplesse de ses belles mains lui ont permis de réaliser un rêve pour les personnes privées de ce membre essentiel. Sa main articulée, très proche dans sa fonction de la main humaine, résultat de 20 ans de recherche, fonctionne d’une façon très simple. La réalisation de cette prothèse prodigieuse a été le fruit de méditations et de discussions avec de grands spécialistes du monde médical. Cette main articulée, n’imitant pas l’aspect de la main humaine, s’imposera comme un véritable bijou pour les handicapés.

Une importante commande de la Ville de Charleville-Mézières lui permet actuellement de s’attaquer à la réalisation d’une horloge monumentale à automates, intitulée l’Horloge du Grand Marionnettiste. Cette grande œuvre synthétisera la belle légende des Quatre Fils Aymon, traduite, jadis, par l’Imagerie Populaire Lorraine. Il a construit pour la réaliser, dans le jardin de sa maison, un véritable atelier aux dimensions de l’œuvre.

Il réalisa, il y a quelques années, une extraordinaire maquette d’un futur spectacle sonore de l’Apocalypse de Saint-Jean, qui inspira tant d’artistes. Son rêve serait la réalisation de ce grand projet, lequel prouverait d’une façon saisissante son étonnant esprit inventif dans tous les domaines.

Jacques Monestier poursuit sa voie de créateur en plasticien, orfèvre, ingénieur, sans s’occuper des courants qui veulent à tout prix apporter une conception nouvelle de l’Art. Pour un tel artiste, je me réjouis que toute son œuvre, déjà conséquente, puisse être présentées ainsi, comme dans un écrin contenant de remarquables créations.

André JACQUEMIN de l’Institut